Tribune

Alors que l’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 se rapproche, cette journée dédiée aux jeux pour le président de la République nous invite à faire un point d’étape sur l’organisation de ces jeux. La promesse initiale du comité d’organisation des jeux olympiques et paralympiques était de faire de ces jeux un évènement populaire, écologique et responsable. Force est de constater que cette promesse n’est à cette étape pas du tout tenue.

Commençons par le caractère populaire des jeux : rares sont les familles qui pourront se permettre de s’offrir des billets à plusieurs milliers d’euros pour assister aux épreuves. Alors que de nombreux élus locaux ont promis monts et merveilles à la population en Seine-Saint-Denis, c’est la double peine : subir les désagréments de la préparation des jeux, sans en tirer aucun bénéfice ni compensation. La notion d’héritage en termes d’équipements sportifs en Seine-Saint-Denis, sous-dotée, relève de la chimère.

Car l’autre arnaque de ces jeux, ce sont les faibles retombées économiques pour le département de la Seine-Saint-Denis. Le Comité d’organisation avait annoncé avec bruit, et de manière répétée, que 150 000 emplois seraient par les jeux. En réalité, il s’agit plutôt d’emplois mobilisés qui existaient déjà. Les créations réelles d’emplois ne sont que limitées à la durée des jeux et se situent dans des filières déjà en tension, où il est difficile de trouver des candidats. Ils attirent peu, du fait de bas salaires, de contrats précaires et d’une pénibilité des tâches. On est bien loin des promesses faites.

Ces jeux olympiques ne seront pas non plus écologiques. L’évènement le plus écologique est celui qui n’a pas lieu, s’agissant d’un tel événement, si l’on est cohérent et conséquent. Les travaux de préparation des jeux olympiques sont d’une part venus empiéter sur des espaces verts et artificialiser les sols, les jardins ouvriers d’Aubervilliers ou encore le parc départemental Georges-Valbon, mais viennent d’autre part exposer les habitants à la pollution avec par exemple un échangeur autoroutier à proximité d’une école à Saint-Denis. A cela s’ajoutent les nombreux affichages publicitaires et lumineux prévus pour faire la promotion des jeux tout au long de leur organisation, une inconscience alors que la crise énergétique que nous connaissons a fait la démonstration d’une nécessité de réduire nos consommations d’énergie. Que dire de l’occasion manquée du développement des transports, ouverts à la concurrence et dégradant le service public ?

Pour couronner le tout, l’organisation de ces jeux a jusqu’à maintenant été marquée par une irresponsabilité sociale accablante. Ainsi, dans sa logique du moins coûtant, des prestataires qui ont recours à des travailleurs sans papiers, sous-payés et exploités ont été sollicités pour la construction des sites. De même, pour l’hébergement des visiteurs, le comité d’organisation a accepté le sponsor d’Airbnb, entreprise qui participe massivement à la spéculation immobilière en Île-de-France, éloignant de plus en plus les classes moyennes et populaires des centres-villes. Plusieurs chambres d’hôtels seront également mobilisées sans qu’une réflexion soit mise en place sur le rôle que ces chambres jouaient jusque-là dans l’hébergement d’urgence. Ainsi, avec la préemption de chambres d’hôtels en Seine-Saint-Denis, ce sont plusieurs milliers de places pour familles à la rue et femmes victimes de violences qui disparaitront purement et simplement.

La semaine prochaine, nous examinerons à l’Assemblée un projet de loi dédié à l’organisation des jeux. Sous prétexte de cet évènement, le gouvernement veut permettre les pires dérives pour les libertés publiques. Il veut rendre possible l’usage de la vidéosurveillance avec intelligence artificielle. Ce dispositif est susceptible de mettre en cause la protection de la vie privée. Elle porte le risque d’une surveillance policière massive de l’espace public pour détecter des comportements réputés « anormaux » et à terme, d’une identification par reconnaissance faciale en temps réel et la massification de la vidéo verbalisation.
Ajoutons à cela tout un ensemble de dispositions qui ne vont clairement pas dans le bon sens tel que la possibilité des tests génétiques, ce qui là aussi vient grandement mettre à mal le droit fondamental à la vie privée, ou encore l’ouverture des commerces le dimanche mettant encore à mal le droit au repos. Avec cette loi, des infractions deviendront des délits.

Il n’est pas trop tard pour revoir la copie et permettre des jeux plus ouverts, populaires et responsables, dont les bénéfices retombent réellement sur les habitants du département. Le groupe France Insoumise se battra en ce sens lors de l’examen du texte sur les jeux olympiques.