J’ai participé à un colloque sur la situation diplomatique et sécuritaire au Sahel, à l’invitation de mes collègues Aurélien Saintoul et d’Arnaud Le Gall. L’occasion, en autres, de tirer un bilan de l’opération Serval puis Barkhane (2013-2023) au Mali, dont l’objectif était la lutte contre le terrorisme islamiste. Un an après le départ des troupes françaises du Mali, et alors que des coups d’État militaires ont eu lieu au Mali (2021), au Burkina Faso (2022), au Niger (2023), le bilan est plus que mitigé.

Universitaires et journalistes se sont ainsi succédés pour partager leurs analyses sur une opération désormais perçue comme un échec malgré les dénégations du gouvernement français. Absence d’objectifs clairs, soutien à géométrie variable à des régimes plus ou moins autoritaires, légalité contestée de certaines missions, défaut de coordination avec d’autres partenaires bi- et multilatéraux comme l’ONU, échecs dans l’émergence de droits démocratiques et sociaux… De nombreux facteurs problématiques ont pu être soulevés.

Public au colloque sur Barkhane

Cet échec militaire s’accompagne également d’un échec diplomatique. D’abord parce que le volet sécuritaire n’est pas de nature à régler les problèmes politiques. Les changements successifs de régime au Sahel ont fragilisé la place de la diplomatie française. Celle-ci est construite autour d’intérêts unilatéraux, avec une politique considérée comme humiliante sur certains aspects (livraison de visas au compte-goutte, suspension de la politique de développement et de coopération, discours paternalistes du président Macron…). Malgré ces alertes et alors que d’autres pays exploitent ces failles françaises, le président Macron refuse de concevoir un changement dans ses pratiques diplomatiques.

Aurélien Saintoul et Nadège Abomangoli au colloque sur Barkhane

Le prochain rendez-vous sur le sujet aura lieu la semaine du 20 novembre. Un débat en hémicycle sur les « partenariats renouvelés entre la France et les pays africains » aura lieu grâce à la mobilisation des élus du groupe La France insoumise. Nous pourrons alors rappeler au gouvernement ses échecs dans le domaine et partager notre vision d’une diplomatie altermondialiste, non alignée et au service de la paix. C’est ce que nos partenaires en Afrique, mais aussi les diasporas africaines de nos villes attendent.

Le contenu de ce colloque sera à retrouver très prochainement sur YouTube.