Nous avons rencontré hier les équipes de l’Université protestante au Congo (UPC) où étudient près de 9 000 étudiants, afin de pendre connaissance d’une expérience de coopération concrète entre nos deux pays.
En effet, depuis le 19 septembre, l’UPC et l’Université Paris-Saclay ont lancé un master en santé publique en co-diplomation entre les deux établissements. Cette initiative repose sur les bonnes volontés des deux universités et ne passe pas par des canaux institutionnels de coopération et d’aide au développement. C’est la docteure Bobette Matulonha qui a été la force motrice de ce projet à Kinshasa, une fois revenue de Paris où elle a exercé.
L’objectif du master de sociologie de la santé est de former des experts en santé publique en s’appuyant sur des normes internationales adaptées au contexte congolais. Les futurs diplômés, des apprenants qui sont déjà des professionnels de santé, joueront un rôle dans l’amélioration des systèmes de santé en France et en RDC. Les apprenants congolais et français suivent des cours de manière simultanée, en visioconférence, puis des sessions communes de révisions sont prévues en France et au Congo, pour les enseignants et les élèves.
Le lancement de ce master favorise l’orientation de l’enseignement supérieur et de la recherche vers des réalités contemporaines congolaises. En effet, si les pathologies parasitaires et infectieuses, ainsi que les épidémies (Ebola) préoccupent prioritairement les politiques de santé publique congolaises, de nouveaux champs sont à défricher. Les maladies métaboliques, qui frappaient beaucoup moins les populations, sont en hausse : les conséquences de l’obésité ou encore l’augmentation du nombre de patients souffrant d’hypertension poussent à tout revoir. Les cancers liés à l’alimentation, à l’environnement, bouleversent aussi la manière dont la maladie est appréhendée et prise en charge par la société, les malades et la communauté scientifique.
Si les politiques d’aide publique au développement étaient alignées sur les besoins réels et immédiats des populations, la santé étant une cause commune, ce type de partenariat n’aurait pas à reposer uniquement sur des initiatives isolées. C’est la raison pour laquelle, lors des débats budgétaires, nous avons plaidé pour une refonte de fond en comble des politiques de « santé mondiale » en terme de moyens et d’objectifs.
Enfin, ce type de projets se heurte à la politique des visas des autorités françaises : les déplacements sont fortement entravés par des décisions restrictives. Nous ne cessons d’alerter sur cette fermeture qui vide de son sens toute notion de diplomatie culturelle et scientifique. Nous pensons que l’échange des savoirs et des pratiques fait progresser l’humanité toute entière de part et d’autre, que nous pouvons apprendre les uns des autres. C’est ce que nous appelons l’avenir en commun.