Racisme, violences policières, atteintes au droit d’asile : l’ONU a publié il y a quelques semaines plusieurs rapports très critique des droits humains en France. Des rapports qui détaillent une situation alarmante. Voici leurs contenus.
De quoi parle-t-on ? Le 1er mai dernier s’est déroulé l’Examen périodique universel (EPU) de la France. Tous les 5 ans, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (CDH), réuni à Genève, évalue les droits humains de ses pays membres. Dans ce cadre, plusieurs rapports sont rendus publics : un des autorités françaises, un des agences onusiennes et un troisième composé des contributions volontaires d’ONG et syndicats. Par ailleurs, les 193 pays membres de l’ONU formulent des « recommandations » à l’issue de cet examen. Nous les avons toutes relevées et analysées avant de les comparer avec celles de 2018. Il en ressort que les droits humains en France se dégradent.
Le 1er mai, 353 recommandations ont été relevées. Nous les avons classées par thématiques et représentées dès que la thématique en question dépasse les 10 mentions. Les discriminations, les violences policières et le maintien de l’ordre et les droits des migrants occupent plus de la moitié des recommandations étatiques. Surtout, il s’agit d’une forte progression par rapport à 2018.
Les évolutions montrent que la France n’a pas forcément suivi les recommandations émises par les pays de l’ONU. Pire, la situation s’est fortement dégradée. La question du maintien de l’ordre revient trois fois plus souvent quand les discriminations connaissent une progression de 50 %.
La macronie et une partie de la presse ont préféré balayer ces griefs, préférant pointer le profil de certains pays à l’origine des critiques. Une façon habile d’oublier les remarques de nos partenaires européens. Pourtant, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie, le Danemark, l’Ukraine, la Norvège, la Suède… comptent parmi les États démocratiques qui accentuent leurs critiques sur les pratiques de maintien de l’ordre lors de manifestations et la lutte contre les discriminations.
À gauche, les pays qui ont formulé des recommandations sur la lutte contre les discriminations. À droite, les pays qui ont évoqué la répression policière de ces dernières années.
Sur le maintien de l’ordre, on note donc une forte progression des critiques. Cela reflète les griefs formulés à l’occasion des manifestations des gilets jaunes lorsque les images de violences policières se sont multipliées. Cinq ans plus tard, mêmes scènes lors des mobilisations contre la réforme des retraites. Ces répressions ont porté atteinte à la liberté d’expression. De leur côté, les ONG adoptent un ton particulièrement critique : « recours abusif et disproportionné […] à la force », « graves entorses au droit de manifester ». Comme l’ONU qui rappelle que le gouvernement ne doit pas « négliger le rôle important et légitime [des] mouvements sociaux dans la gouvernance ».
Sur les discriminations, un groupe de travail onusien souligne « qu’en dépit des discours vantant la méritocratie », « l’excellence ne suffisait pas » pour les personnes noires. Il rappelle la dimension « systémique » de la discrimination raciale en France. Un constat partagé par les ONG qui dénoncent les discriminations généralisées visant les musulmans : contrôle au faciès, violences policières, crimes de haine.
ONG et syndicats dénoncent aussi des « conditions de détention indignes », « expulsions locatives sans relogement », « disparités dans l’accès à l’école », manque de soutien aux femmes victimes de violences… Des reproches confirmés par l’ONU avec des propos chocs : politique migratoire rétrograde, conditions de logement indignes d’une nation attachée aux droits humains…
Ces rapports sont donc très inquiétants quant au respect des droits humains en France et rabaissent l’image de la France à l’international. Racisés, précaires, migrants doivent subir au quotidien cette dégradation signée Macron.